samedi 1 mai 2010

Le passage de César Malan dans le Jura Bernois.




Un modeste paysan s'était converti à Jésus-Christ par les écrits du célèbre pas­teur de Genève, César Malan (on sait que ce dernier est l'auteur de nombreux traités évangéliques, de cantiques et de volumes, où il raconte ses courses missionnaires). Dans son cœur, cet homme avait une profonde reconnaissance, à celui qui, après Dieu, avait été l'auteur de son voyage à Genève ; il voulait, avant de mourir voir Monsieur Malan, s'entretenir avec lui des choses du salut, de la vie éternelle. Il voulait aussi lui exprimer de vive voix sa profonde gratitude pour tout le bien qu'il lui avait fait par ses écrits, et par ses cantiques.

Chaque année le brave jurassien mettait dans une petite boîte de l'argent de côté pour faire le voyage à Genève. Mais ses gains étaient petits, l'argent rare, le voyage long et coûteux dans cette deuxième moitié du 19 ème siècle. Mais surtout, toutes les fois qu'il avait réuni une somme d'argent suffisante, survenait un événement fâcheux : grêle, perte de bétail, incendie, qui le forçait à employer d'une autre manière l'argent économisé. Souvent il avait demandé avec ferveur à Dieu de lui permettre de voir avant de mourir César Malan.

Mais voilà, les années avaient passé, le paysan avait vieilli, la maladie l'avait frappé et depuis de longs mois déjà, il était étendu sur un lit de souffrance, sans espoir de guérison. Ce fut à cette époque justement, que César Malan traversa le Jura Bernois, se rendant à Baie. Et tout à fait par hasard, pour parler comme les hommes, il s'arrêta en chemin dans l'hôtel du petit village en question pour y dîner. La personne qui le servait était jeune et timide ; selon son habitude le pasteur Malan lui posa la grande question : "Avez-vous trouvé en Jésus-Christ la paix de votre âme ?".

Sans répondre directement à sa question, et sans doute pour faire dévier l'entretien, elle dit : "Ah ! monsieur, vous parlez tout à fait comme notre vieux voisin, un brave homme, voyez-vous, lui aussi nous parle toujours de notre âme ; mais voilà, maintenant il est bien malade, le pauvre vieux, il va bientôt mourir à ce qu'on dit". Malan pria alors la jeune fille de le conduire auprès du vieillard. "C'est un ami chrétien qui vient vous voir, cher monsieur", lui dit Malan sans se nommer. Je vais à Bâle et j'ai appris à l'hôtel que vous êtes malade et que vous aimez, vous aussi, le Sei­gneur Jésus. La conversation s'engagea et devint bien vite très intime.

"Ah ! monsieur, finit par dire le vieillard, je meurs en paix,

plein de confiance en mon Sauveur. Il a été bon pour moi toute ma vie. Tout ce que je lui ai demandé il me l'a accordé, toutes mes prières il les a exaucées, hormis une seule". Et un voile de tristesse passa sur le visage du vieillard.

"Et quelle est cette demande qu'il n'a pas exaucée ?", demanda le voyageur. Et bien voilà je lui ai souvent demandé de me permettre de voir, avant de mourir, César Malan de Genève. Car c'est lui, monsieur, qui a été par ses écrits, l'instrument béni de ma conversion. Oh ! j'aurais tant aimé le voir, que de fois j'ai économisé pour faire le voyage à Genève, mais chaque fois aussi le Seigneur a mis un empêchement sur ma route. Et maintenant me voilà trop vieux et trop malade pour y songer". Et des larmes coulaient sur ses joues amaigries. Le voyageur lui aussi était profondément ému. Il saisit la main du mourant dans les siennes et très doucement lui dit : "Dieu est bon, cher ami, il exauce aussi votre dernière prière. Je suis César Malan". Dire la joie et la reconnaissance du vieillard serait impossible. Entre ces deux hommes dont l'un parcourait la Suisse pour le service du Maître, et dont l'autre faisait ses préparatifs pour un voyage plus long, plus mystérieux aussi, une amitié solide et profonde était née. On se sépara tard dans la soirée, en se donnant rendez-vous dans l'éternité.

Les deux hommes ne devaient pas se revoir ici-bas, quelques semaines plus tard, le vieux paysan reposait au pied du clocher de son village, à l'ombre des grands sapins, ou plutôt il reposait dans la maison paternelle de ce Sauveur qu'il avait tant aimé. Les deux chrétiens se sont retrouvés maintenant César Malan mourait quelques années plus tard en 1864.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire