dimanche 2 mai 2010

Si tu voulais.




Ce fait authentique s'est passé, il y a environ un demi-siècle. Le Pasteur d'une l'église fit une prédication missionnaire, ce certain dimanche, répondant ;ainsi à un pressant appel que lui avait adressé une société missionnaire en détresse. Il invite les fidèles à donner largement et joyeusement pour soutenir l’œuvre missionnaire en souffrance.

Le sermon fini, de la chaire il suivait d'un regard attristé les diacres qui circulaient dans les bancs en présentant aux auditeurs les sachets de collecte. Il sentait bien que ses paroles n'avaient pas touché les cœurs ; il avait vu le riche banquier R. bailler plusieurs fois derrière sa main gantée ; Mme P., la millionnaire, regarder sa montre d'un air ennuyé, tandis que son voisin, un commerçant fort aisé dormait, confortablement installé, pendant une partie du message. Les sachets continuaient ;à circuler en silence.

Cependant, au dernier banc se livrait un rude combat. Une fillette infirme avait écouté avec une profonde attention les paroles du pasteur. Ses petites béquilles étaient à côté d'elle car, à la suite d'accident, elle était restée infirme et ne pouvait faire un pas sans appui. Peu de temps auparavant, une amie charitable lui avait fait don de cette paire de béquilles et, dès lors, sa vie avait été transformée. Aujourd'hui, pour la première fois, elle était venue à l'église, mais qu'avait-elle à donner, elle pour les Missions ? Et, tandis que le diacre approchait de son banc tendant à tous la poche de velours, l'enfant, les larmes aux yeux, se disait avec angoisse :

« Et moi qui n'ai rien à donner, pas même un centime, et là-bas, les missionnaires ont besoin d'argent ! Oh ! que puis-je faire pour eux ? »

Une pensée lui traversa l'esprit comme une flèche et son cœur battit tout a coup a se rompre.

— Mes béquilles toutes neuves, on pourra les vendre et en retirer beaucoup d'argent !... Mais je ne peux m'en passer, elles sont ma vie !

— Oui, ta vie, reprenait la voix intérieure, mais Christ a donné Sa vie pour toi. Si tu donnes ta vie, là-bas, ils sauront qu'il est leur Sauveur. Oh ! si tu voulais, si tu voulais !...

Enfin, un sourire joyeux reparut sur le pâle petit visage. Elle baissa l'une après l'autre ses béquilles et attendit, Le diacre arriva au dernier banc ; il n'y avait là que Marguerite, son pauvre petit pied malade ballant au-dessus du plancher. Valait-il la peine de tendre le sachet à la pauvre petite infirme ? Avec bienveillance, il se tourna vers elle et qu'elle ne fut pas sa surprise ! D'une main tremblante, avec peine, l'enfant souleva ses petites béquilles et essaya de les placer en équilibre dans la poche de velours.

Le diacre la regarda. comprit et réprimant un sanglot qui lui serrait la gorge, il prit respectueusement la paire de béquilles et traversa lentement l'église, le sachet dans une main, les béquilles dans l'autre.

De banc en banc on tournait la tête... On reconnaissait les béquilles de la petite Marguerite et les veux se remplissaient de larmes. Sans mot dire, le diacre les déposa sur la table de communion.

Le pasteur, profondément ému, posa sur elles ses mains pour les bénir et prononça lentement les paroles du Seigneur: « Elle a fait ce qu'elle a pu ».

Qu'à donc le riche banquier ? Il se mouche bruyamment, puis il tire son porte-monnaie. Madame P fait le même geste. Le commerçant, son voisin réussit à attraper le diacre par le pan de son habit et a lui glisser quelques mots à l'oreille. Le diacre reprend le sachet et recommence sa tournée. Les pièces d'argent pleuvent ainsi que les billets de banque. Puis, la foule quitte le lieu.
Une dame s'approche de Marguerite, les béquilles a la main. Elle les a rachetées a la Mission et les tend, souriante, à la petite fille qui, radieuse, reprend le chemin de la maison, comprenant peu, tout ce qu'elle a fait pour le Seigneur.

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